Toy Soldier et Dan
Nous avions passés une grande partie de notre adolescence à écouter et regarder les naissances successives de MuchMusic et Musique Plus. L’ambiance se composait donc majoritairement de ces postes. C’était pas mal pareil comme le CKAC 730 de la radio MA (AM pour les métis linguistiques!), qui jouait sur leur petit poste radio à longueur de journée chez nos grand-parents.
Daniel a d’abord réagit à ce clip vidéo de la chanteuse Markita, il en était littéralement hypnotisé. Qu’importe ce qu’il faisait, où il était dans l’appartement, il accourait pour venir prendre sa pause Toy Soldier qui durait un petit 5 minutes. On pourrait facilement dire que ce fut son premier vidéo préféré. Impossible d’oublier ces si beaux moments, malheureusement nous n’avions pas des caméras vidéos pour enregistrer ces perles de son enfance. Mais bon, avec les mots, il est possible de l’imager tout autant aujourd’hui.
Ce matin, il y a l’article à la page 4 du Journal de Montréal, à propos de Dan Bigras bouleversé suite à l’incident de vendredi soir alors qu’un admirateur, directeur d’une maison pour sans-abri de Chicoutimi, a fait un arrêt cardiaque, probablement trop ému.
J’ouvre la télé et il est à TVA, dans le cadre de l’émission Salut, Bonjour Week-End, invité spécial pour partager son bouleversement et nous raconter pas mal en détail. J’ai été à mon tour, près de 20 ans plus tard, hypnotisé par Dan Bigras, et son récit émouvant. Il m’a replongé près d’un an en arrière avec l’impuissance, le cœur qui se débat devant un tel événement, et la nécessité de demeurer debout, comme un Toy Soldier le fait d’ailleurs tout le temps. Il a alors raconté comment s’était passé sa façon à lui de le vivre, juste avant son spectacle, et l’animatrice Pénélope McQuade intriguée lui demandait comment il avait pu, après cette crise, poursuivre avec son spectacle, il lui a instinctivement répondu « il faut prendre parole, en parler, que ça soit devant la caméra, devant 100 000 personnes, ou bien une seule personne, mais il est nécessaire dans cette gestion de crise d’en parler, de le partager ». Bravo, Dan! Bravo d’avoir ainsi partagé et d’avoir pu faire cette thérapie de masse, gérer du mieux possible cette situation bouleversante et imprévue, pour toi et ces milliers de gens au Cabaret Opéra de Chicoutimi.
Une chose est certaine, Dan : MOI, je ne te reprocherai jamais d’avoir agit ainsi, de l’avoir partagé avec respect et dignité, ni même d’avoir été à la télévision pour en parler, malgré ta profonde tristesse, ton bouleversement. Je comprends pour avoir été propulsé involontairement dans un événement similaire, et comment on réagit du mieux que l’on peut pour rester debout, face à la peine, la souffrance, l’impuissance. Merci de l’avoir si bien partagé. J’espère de tout coeur que tu ne subiras pas de lynchage médiatique comme ça s’est vu. La bêtise zoomaine est encore bien présente dans ce monde fou. Continues, comme l’a si bien fait Sylvain Plourde durant toutes ces années à Chicoutimi, à aider nos jeunes les plus démunis. Bon courage aussi dans ta consolation, c'est un long parcours.
Pour conclure, dans de telles circonstances, on voudrait aussi tous pouvoir faire en sorte que la mort ne soit pas pour rien. J’aurais bien voulu que Daniel soit le dernier adolescent à mourir d’un accident de voiture…et fasse une orpheline avant même d'être de ce monde.